Joséphine Baker, extravagante beauté noire

(1906-1975)

Née à Saint-Louis dans la boucle du Mississippi en 1906, mal aimée par sa mère, Carrie Mac Donald, abandonnée par son père, un certain Eddie Carson, tous deux artistes en mal de reconnaissance, elle devint bonne à tout faire jusqu’à ce jour de 1916 où, près de chez elle, un charlatan dressa son estrade et organisa un concours de danse. A dix ans, Joséphine gagna le concours et revint à la maison avec son premier billet de un dollar gagné « autrement qu’en se livrant à des corvées fastidieuses »...
Elle fit ses débuts en alternant les emplois de serveuse et de chanteuse de rag-time avant de trouver sa voie dans un numéro où elle jouait du trombone, « exécutait des pas de danse rapides, faisait le clown et roulait des yeux », un cocktail d’érotisme et de comique qui enthousiasma le public et devint son image de marque. Son adolescence fut donc des plus courtes car, pressée de ne plus être à la charge de sa mère, elle devint, à quinze ans, Madame Baker, du nom de son ...second mari (elle avait épousé à 13 ans un homme qui la quitta après une bagarre au cours de laquelle elle avait eu le dessus...).

En 1925, Joséphine découvre l’Europe et Paris, un monde qui, s’il n’est pas exempt de racisme n’est pas soumis à la ségrégation. Très vite, elle va s’imposer dans la désormais mythique « Revue nègre » où ses « talents » feront scandale et succès. Elle deviendra « la première star à se montrer presque nue ». Ses extravagances n’étaient pas réservées à la scène car, de caprices en crises d’hystérie ou d’abattement, Joséphine Baker multiplia les provocations (entre autres frasques, elle transforma une suite d’hôtel en cour de ferme où elle rassembla perroquet, perruches, lapin, serpent et un « porcelet tout rose du nom d’Albert »).
Cependant le Tout Paris des arts, des lettres et de la finance était à ses pieds (et parfois dans son lit !). Georges Simenon fut son secrétaire et amant.
Elle posa pour les peintres Van Dongen, Foujita et Picasso. Elle interpréta des chansons qui demeurent dans l’histoire de la chanson française parmi lesquelles « La petite Tonkinoise » et « J’ai deux amours »...

Ainsi, outre l’étonnante destinée de son héroïne, parcourir la vie de Joséphine Baker permet aussi de pénétrer dans les coulisses du music-hall, pendant ces années qui ont vu émerger des artistes noirs dans une Amérique ségrégationniste puis dans le Paris de l’entre-deux guerres. Au delà de la part « spectaculaire » de son existence. Joséphine Baker s’est également illustrée par son courage durant la guerre -qui lui vaudra des funérailles militaires-, par ses prises de position et ses engagements militants en faveur des droits civils et de la communauté noire.

A la fin de sa vie, son combat fut celui de la famille qu’elle s’était constituée en adoptant des enfants de multiples origines qu'elle avait rassemblés dans son château des Milandes, dans le Périgord. Plus que ses talents de chanteuse et de danseuse, c’est sans doute sa « vitalité » et sa personnalité hors du commun qui ont fait de cette femme une artiste au destin sans équivalent.

Elle disparaît en 1975, 4 jours après le début d'un spectacle s'inspirant de sa vie. Bien qu'elle ait du se battre toute sa vie contre les préjugés raciaux, elle vécut sa vie passionnément; fréquenta lors de sa carrière certaine célébrités telles que Grace Kelly, Maurice Chevalier, De Gaulle ou encore Castro. 

Devenue le symbole d’un certaine libération féminine, sa vie peut être perçue comme une revanche, individuelle et collective, tout à la fois exceptionnelle et parfaitement représentative d’une époque. 

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