Charles Vanel, le monolithe

(1892-1989)

Charles Vanel est un Monument incontournable du cinéma français. Sa carrière est le reflet de l’évolution du 7ème art au cours du 20ème siècle : du théâtre au cinéma muet, du muet au parlant, du noir et blanc à la couleur, Charles Vanel a traversé les genres avec le sérieux du grand professionnel qu’il a toujours été et avec la simplicité que sa modestie lui inspirait.

Né à Rennes en 1892, Charles Vanel envisage tout d’abord de faire carrière dans la marine, mais doit rapidement y renoncer en raison d'une vue insuffisante. C’est donc par défaut qu’il commence à partir de 1908 une carrière sur les planches.

Il décroche son premier rôle au cinéma en 1912 dans un film de Robert Péguy, Jim Crow. Il fréquente les Russes émigrés de la troupe et participe à de nombreuses tournées théâtrales, notamment pendant la guerre avec Lucien Guitry. Il entre par la suite chez Firmin Grenier au théâtre Antoine avant de se consacrer exclusivement au cinéma.

Charles Vanel détient le record de longévité du cinéma français. A peu près tous ceux qui comptent dans le cinéma muet français le dirigent jusqu'en 1929. Le cinéma parlant l'emmène en France, en Italie et en Allemagne, et il participe même à un film d'Alfred Hitchcock La main au collet (1954). Au total, il joue dans plus de cent soixante films qui font de lui l'un des acteurs les plus populaires du cinéma français. Certains grands films devenus classiques sont marqués du sceau de sa personnalité : Le ciel est à vous (Jean Grémillon, 1943) et Le salaire de la peur (Henri-Georges Clouzot, 1952)

La sobriété et la justesse de ton caractérisent son jeu. D'apparence monolithique, son impassibilité est démentie par son oeil, où se concentre la vie intense de son personnage. Il est le plus souvent l'homme de devoir, qu'il soit fonctionnaire, militaire, aventurier ou truand. Il n'est presque jamais un séducteur.

A un âge avancé, son visage creusé de rides s'anime encore d'un regard plein de panache dans Si le soleil ne revenait pas (Claude Goretta, 1987). Se considérant tel un artisan plutôt qu'une vedette, Charles Vanel n'en est pas moins une mémoire du cinéma français. (Texte original: Bernard Luc)

Retour vers Audiard et les copains

Retour au sommaire