Un dernier mot André... ?

Toujours une voix d’outre-tombe, toujours l’humilité en bandoulière, toujours cette passion du sport, André Pousse n’a pas changé. Au bout du fil, les histoires et anecdotes défilent comme si on était encore projeté dans un dialogue d’Audiard. Place à André Pousse ! (Interview 2003 - Photo 2005)

Vous êtes arrivé au cinéma à l’âge de 44 ans, après de nombreux boulots. On a l’impression que c’est l’école de la vie qui dirige votre jeu plus qu’une quelconque méthode. Qu’en pensez-vous ? 

André Pousse : C’est sûr que toutes ces expériences m’ont servi, dans la vie comme au cinéma. J’ai fait plein de choses, vous savez, et j’étais déjà en haut de l’échelle à 20 ans en tant que coureur cycliste professionnel. Puis, par hasard, je suis devenu impresario, je travaillais pour Henri Salvador, Joséphine Baker. J’ai vécu un an avec Edith Piaf. J’ai tout le temps eu des métiers au contact du public, devant 20.000 personnes, et c’est certainement le public qui m’a appris à jouer. 

 

Vous avez tourné avec Jean Gabin, Alain Delon, Lino Ventura. Étiez-vous impressionné ?

A. P : Non, car c’étaient tous des amis. Quand je courais au Vel’d’hiv, Jean Gabin était l’un de mes admirateurs, il aimait le vélo. Après, on allait au restaurant où il adorait me dire des conneries. Pour Alain, c’est pareil. À l’époque -il était môme !-, c’était lui qui portait mon vélo sur la ligne de départ. On en rigole encore. Quant à Lino, il était sportif, et je le charriais un peu sur la boxe car nous, quand on tombait, on tombait sur les vélos, la piste, et ça faisait très mal aussi. Je n’étais pas impressionné car à la base on était tous amis.

Abonné des seconds rôles, vous n’avez jamais été tenté, à un moment de votre carrière, de passer au premier plan ? 

A. P : Un grand rôle, ça fait toujours plaisir. Dans Le Pacha, j’ai eu un personnage important. De toute façon, pour décrocher un premier rôle, il faut être une vedette et je n’en suis pas une !». 

Lorsqu’on pense à votre jeu, à vos répliques, les dialogues de Michel Audiard reviennent en mémoire. Comment expliquez-vous que les films de cette époque passent toujours aussi bien auprès des jeunes générations ?

A. P : Audiard, c’est extraordinaire, ce sont des dialogues qui marquent.«Je parle pas aux cons, ça les instruit». J’adore ! Michel avait une grande culture littéraire. Chez lui, dans sa bibliothèque, il y avait tout ! Corneille, Voltaire... Cette culture se ressent dans ses dialogues. Ça n’était pas de l’argot, mais des expressions populaires, c’est pour ça que son langage reste moderne.

Avec le recul, on a l’impression qu’avant de jouer vous vous amusiez beaucoup entre potes sur les plateaux. Etait-ce le cas ?

A. P : Ah oui, sur le plateau, c’était une vraie ambiance de copains. On travaillait sérieusement mais ça n'empêchait pasde déconner. Jean-Pierre Melville par exemple était très rigoureux, il dirigeait avec autorité, mais sans être désobligeant. On devait faire un grand film ensemble, mais il a nous malheureusement quittés trop tôt.

Trouvez-vous que le cinéma actuel fasse toujours la part belle aux grands seconds rôles ?

A. P : Ça a un petit peu disparu. Mais les seconds rôles à l’époque, c’étaient de grands acteurs comme Blier et d’autres encore. Les dialogues se sont dégradés aussi. Les «nique-ta-mère» à tout bout de champ, c’est lassant !.
Le sport a beaucoup compté dans votre vie. En guise de conclusion, que pensez-vous du dopage dans le vélo ?

A. P : Ah, ça m’emmerde, car on ne parle plus que de «la charge», comme on disait à mon époque. Les autres sports sont touchés aussi, je le vois à l’œil nu pour certains athlètes. Simplement, on n’en parle pas. Jacques Goddet (NDLR : fondateur de L’équipe et ancien directeur du Tour) m’a expliqué un jour pourquoi c’est le vélo qui trinque en premier : il n’y a pas d’argent ! 200.000 spectateurs sur les pentes du Tourmalet, même en 2002, c’est toujours un spectacle gratuit. La charge, elle a toujours été là. Certaines courses, je prenais un comprimé d’amphétamine, mon pote trois, mais c’était une autre époque. Je pouvais aussi courir les 6 jours sans rien prendre, sauf du café ou du thé !.

Retour au sommaire Retour sur la Côte d'Azur