Michel AUDIARD, un orfèvre du dialogue

15/05/1920 – 27/07/1985

.

L’amitié qui unissait André Pousse et Michel Audiard plonge ses racines dans ce qui fut le temple de la culture populaire parisienne que partageaient les 2 hommes : le Vel d’Hiv. André Pousse raconte volontiers l’anecdote : « Je m’entraînais en tournant au Vel d’Hiv quand je vois un petit cycliste qui s’arrête à ma hauteur et me dit : je t’ai vu courir dimanche dernier contre les Flamands, t’as les jambes, qu’est ce que tu leur a mis la gueule !…C’était Michel, à cette époque il était amateur quatrième catégorie. Je lui dis : tu fais de la piste toi aussi ? et il me répond : je suis obligé d’arrêter de courir sur routes, je monte pas les côtes. On est restés amis.»

A vrai dire, le cours de la vie les a séparés durant quelques années mais leurs fréquentations parisiennes ont finalement rapprochés ceux qui partageaient la même culture : la passion du cyclisme,  le sens de la formule qui fait mouche, le mépris des cons et le sens de l’amitié.

On trouve sur internet quantités d'excellents sites consacrés à l’univers de Michel Audiard, aussi nous nous contenterons ici d’une biographie express. Pour plus de détails, voir la page Liens de ce site.

.
Paul Michel Audiard est né en 1920, à Paris. De père inconnu, l'enfant est élevé par les oncles et tantes de sa mère dans un appartement du XIVème arrondissement, quartier dont il hérite d'une certaine gouaille. Il développe rapidement de sérieuses prédispositions à la rédaction, décrochant son certificat d'études avec la mention "bien", mais se décrit lui-même comme un élève turbulent n'écoutant jamais rien. Il se lance dans une carrière de journaliste, métier qu'il reprendra à la Libération.

Finalement, Michel Audiard découvre le milieu du cinéma presque par hasard : c'est en rentrant dans un journal spécialisé qu'il s'initie au septième art, aux dialogues de Prévert, au film Drôle de drame qui restera sa référence, au festival de Cannes. 

Il épouse en 1947 Marie-Christine Guibert, qui lui donnera deux garçons : François et Jacques Audiard (futur réalisateur de Sur mes lèvres, Un héros très discret ou De battre mon coeur s'est arrêté).

Dans les années cinquante, Audiard se lance dans les dialogues de films. Il mène une coopération active avec le réalisateur Gilles Grangier (Le Rouge est mis, 125, rue Montmartre, Le Cave se rebiffe...) avant de littéralement exploser dans les années 60 avec le cinéma de Georges Lautner (Les Tontons flingueurs, Les Barbouzes, Ne nous fâchons pas...). Dès lors, il demande à ce que son nom soit écrit de la même taille que les stars du film sur les affiches. Il gagne beaucoup d'argent (au faîte de sa gloire, environ quatre cent mille francs pour un long métrage). Il en dépense beaucoup aussi, notamment dans les voitures et ses indispensables casquettes. Le fisc s'intéressera d'ailleurs à ses comptes au début des années 80.

Pour écrire, Michel Audiard se réfugie à l'hôtel de la Trémoille, près des Champs-Elysées. Il rédige à la main, enregistre sur un magnétophone et réécoute, jusqu'à trouver le ton parfait. Il lui arrive aussi de travailler dans les bars. En 1968, Audiard se lance dans la réalisation avec Il faut pas prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages. Fort de ce succès, il réalise huit autres films jusqu'en 1974 (Elle cause plus, elle flingue), puis revient à ses premières amours : le dialogue. 

Le drame d'Audiard, c'est la mort dans un accident de voiture de son fils François, en 1975. Lui qui était obsédé par la peur de vieillir, ne se remettra jamais de cette disparition et perdra définitivement sa foi en Dieu. Dès lors, sa plume se fait plus incisive, plus acerbe, plus cynique, comme en témoigne les films Série Noire ou On ne meurt que deux fois. Les mots d'Audiard continuent d'attirer les foules dans les salles obscures pendant une dizaine d'années, avant que celui-ci ne s'éteigne le 27 juillet 1985 dans sa propriété de Dourdan, à l'âge de 65 ans

.

Retour parmi les copains d'André Pousse

Retour au sommaire