Tout a été dit ou écrit sur la Guerre 39-45 en France....

 
.... l’envahissement de la Pologne par les Allemands, le déclaration de guerre de la France à l’Allemagne, le drôle de guerre pendant laquelle les soldats français attendent les allemands le long de la ligne Maginot puis la Blitzkrieg qui permet aux Allemands de foncer vers Paris en un temps record et d’obtenir la rédition des français. Une page assez douloureuse de l'histoire de France mais on voulait tellement croire à Paris que 14-18 avait été la der des ders et qu’on allait plus revoir ce type de massacre, qu’on ne s’était pas lancé dans la course aux armements avec nos voisins allemands. Il est difficile de se faire aujourd'hui une opinion objective de ces événements, disons qu' avec le recul certaines leçons de l’histoire, simples voire simplistes, prennent tout leur sens: « Si tu veux la paix, prépare la guerre » / « On ne fait pas toujours une bonne politique avec de bons principes ».

La grande Histoire a retenu l’appel du 18 Juin du Général de Gaulle, les actes de résistance de l' « Armée des Ombres » (voir à ce sujet le film de Jean Pierre Melville, d’après le roman de Joseph Kessel), le débarquement des alliés, la libération de Paris par le Général Leclerc, le retour de De Gaulle et le relèvement de la France. Une Histoire ponctuée de personnages, grands ou petits, héros ou anonymes, qui ont contribué, ou pas, selon leurs convictions et selon les circonstances à tous ces événements.

Cependant, entre la signature de l’armistice et l’insurrection de Paris à l’approche des libérateurs, la France et la capitale ont vécu des heures sombres, période ambiguë durant laquelle la limite entre collaboration active ou passive et résistance était souvent beaucoup plus floue que ce que relatent les livres d’Histoire.

Pour se faire aujourd’hui une idée de la manière dont les français et parmi eux les Parisiens ont traversé cette période, le plus simple est de lire les livres autobiographiques que le regretté Alphonse Boudard, grand ami d’André Pousse a écrit sur la question :

 

« Les combattants du petit Bonheur » décrit l’Occupation telle que l’ont vécu les populos de Paris, ceux qui après l'armistice avaient pour principal soucis de continuer à travailler et à nourrir leur famille. C’est à partir de la rupture du pacte Germano-soviétique que ces ouvriers s’engageront massivement dans la Résistance, rejoignant divers mouvements plus ou moins structurés et professionnels, risquant leur vie avec parfois plus d’exaltation que de conscience. Des soldats anonymes que Boudard regroupe sous l’appellation des « Combattants du Petit Bonheur » et qu’il évoque d’autant mieux qu’il en faisait partie. « Bleubite » et « Le corbillard de Jules » constituent la suite des Combattants du Petit Bonheur, durant laquelle Alphonse Boudard raconte son engagement dans l’armée de libération, sans complaisance et avec une truculence servie par un argot coloré. Un périple qui le conduira jusqu’en Autriche et qui lui vaudra une décoration.

« L’étrange Monsieur Joseph » est un livre original puisque il décrit la vie d’un personnage qui illustre tous les paradoxes de la période d’Occupation. Un ferrailleur juif roumain analphabète fait fortune à Paris en commerçant avec les Allemands, il est au mieux avec les pires éléments de la Gestapo alors qu’il finance et aide certains mouvements de résistance, il corrompt allègrement tous ceux qui menacent de révéler ses origines, il achète aux allemands la libération d’amis promis à la déportation, entretient d'excellents rapports avec les communistes tout en se ménageant les meilleurs appuis qui lui permettront de ne pas être inquiétés à la Libération. On redécouvre au passage comment les allemands ont libéré des prisons françaises de nombreux prisonniers de droit commun, certains déjà condamnés à mort, pour constituer la « police française » qui effectuera toutes les basses besognes pour leur compte. Beaucoup seront rattrapés par leur passé à la Libération, d’autres vivront encore de nombreuses vies condamnables.
 
Et André Pousse dans tout ça me direz vous ? Et bien il trace sa route et évite les obstacles pour continuer à faire son métier : cycliste professionnel, et aider autant que possible les amis en difficulté. De retour de l’exode, il réussit à échapper au recrutement pour le STO en Allemagne et retourne pédaler au Vel d’Hiv. Les moins fréquentables de ses spectateurs entrent dans la « police française » et deviennent des amitiés aussi encombrantes qu’utiles, notamment pour faire sortir les amis en délicatesse avec la Gestapo. André Pousse assiste impuissant, comme d’autres, à ce qu’on appellera pompeusement l’épuration, c'est-à-dire un massacre en règle et selon des critères approximatifs de tous ceux qui ont eu des relations plus ou moins sérieuses avec l’occupant….tout au moins de tous ceux qui n’ont pu ou su retourner leur veste à temps. Des justiciers improvisés règlent leurs comptes ou ceux des autres, parfois en se trompant d’adresse et de victime. Un livre poignant et méconnu de Michel Audiard revient sur cette période  : « La nuit, le jour et toutes les autres nuits ».

Pendant ce temps là, André fait ce qu’il sait faire le mieux, il tourne au Vel d’Hiv